1964 – La vie d’une bibliothèque d’entreprise

Présentation : Le document suivant est tiré d’une liasse conservée aux archives municipales de Saint-Étienne, article 1 S 41. Il est extrait du compte-rendu de la réunion du comité d’établissement de l’usine de Saint-Étienne de la Société des forges et ateliers du Creusot (SFAC), tenue le 8 avril 1964. À l’ordre du jour figure la lecture des rapports des commissions du comité d’établissement (CE). Il s’agit ici du rapport sur la Bibliothèque de l’usine, lu par Gilbert Palasse, membre titulaire du CE.

Ce texte présente l’intérêt de nous renseigner sur le fonctionnement et les enjeux d’une bibliothèque d’entreprise. Celles-ci dépendent depuis la Libération des comités d’entreprise, et non plus seulement de la direction, comme cela était le cas dans ce même établissement durant l’entre-deux-guerres, lorsque la société s’appelait successivement Leflaive & Cie, Société anonyme des Établissements Leflaive, puis Société nouvelle des usines de la Chaléassière. Les quelques références d’auteurs données nous informent sur les lectures en vogue du moment, ou sur les préférences littéraires des membres de la commission dédiée.

 

Bibliothèque S.F.A.C.

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Depuis sa création en 1941, la bibliothèque de la S.F.A.C. continue à fonctionner régulièrement, et le nombre de volumes la composant augmente en nombre, et surtout pour l’année 1963, en qualité. Un assez grand nombre de livres reliés ont été mis en circulation, et la nouvelle couverture en plastique met davantage les ouvrages en valeur.

Bien que le personnel ouvrier et employé ait diminué sensiblement depuis 1955, le nombre de lecteurs est sensiblement le même, donc le pourcentage augmente. De plus, depuis quelques mois, la quantité de livres lus va croissant, non pas du fait de nouveaux lecteurs, mais plutôt parce que l’exercice hebdomadaire n’est plus que de 47 H. 30.

Au point de vue lecture, certains auteurs tombent dans l’oubli ou presque. Nous pouvons citer DELLY, MAX DU VEUZIT, VAN DER MEERSCH, PETER CHENEY, Leslie CHARTERIS, sans oublier, hélas, VICTOR HUGO. Ce n’est pas par hasard que nous avons classé SIMENON dans la catégorie « Policier », mais volontairement. Exemple : un lecteur nous demande 3 policiers à notre choix, nous lui remettons toujours un SIMENON, qui est de la bien meilleure littérature.

Bien sûr, alors pourquoi tous ces romans à la Bibliothèque ?… et bien, il faut tenir compte de l’avis des lecteurs (trices), et entre les policiers et les sentimentaux, c’est ce qui est le plus demandé.

Sur le nombre de nos lecteurs 60 % viennent régulièrement au moins 2 fois par mois, 25 % une fois par mois, et les autres font des apparitions de plus ou moins longue durée. Parmi nos lecteurs, très peu d’ingénieurs ou de cadres supérieurs, la grosse majorité est composée d’ouvriers (ères) et d’employé (ées).

Les lecteurs de 35 ans, et plus, semblent lire plus pour se délasser moralement, en ne demandant que des livres ne demandant que très peu d’efforts intellectuels, d’où les romans policiers, et certains sentimentaux pour les dames.

Chez les jeunes, il y a un certain besoin de s’instruire ou de se perfectionner qui se fait sentir. Les goûts ne sont plus les mêmes et les auteurs comme Hervé BAZIN, CASTERET, DOSTOIEWSKI, KOESTLER, SAINT-LOUP, etc…. sont les plus demandés. ZOLA, grâce au cinéma, revient à la mode.

Pour les enfants des ouvriers, Jack LONDON, Jules VERNE, Alexandre DUMAS, ont la cote.

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