Présentation : le texte suivant est le commentaire adressé au Gremmos, à l’issue des 5èmes Rencontres d’histoire ouvrière, par Paul Chomat (1938-2021), ancien premier adjoint au maire de Saint-Étienne (1977-1983), ancien député de la 1ère circonscription de la Loire (1981-1986), élu ensuite au scrutin de liste départementale (1986-1988), conseiller général du canton Saint-Étienne Nord-Est 2 entre 1976 et 2001, membre de la Fédération de la Loire du PCF.
Mon intérêt pour l’évocation de l’expérience des prêtres ouvriers tient beaucoup au fait, qu’ayant beaucoup milité dans les quartiers du Marais et du Soleil, j’ai pu apprécier l’impact laissé par Jo Gouttebarge[1], Maurice Combe[2] et Gaston Delorme.
J’ai également été intéressé par le thème « mouvement ouvrier et religions » qui dépasse l’expérience des prêtres ouvriers[3].
Formé dans un milieu familial communiste très actif et imprégné des luttes de la résistance, j’ai gardé un vif souvenir du poème d’Aragon La Rose et le Réséda, des hommages unissant ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas, ainsi que de la ferveur populaire accueillant le retour de l’abbé Plotton[4].
Le thème « Mouvement ouvrier et religions » recouvre des enjeux politiques majeurs pour le rassemblement populaire, la cohésion sociale la libération du monde du travail pour le passé, le présent et l’avenir.
Nous connaissons les pratiques ancestrales de l’église (et aujourd’hui des religieux musulmans) pour maîtriser la société et ses évolutions.
C’est ainsi qu’en dehors de leurs personnalités propres, la Mission Ouvrière de Monseigneur Sicard ou la « main tendue » de Maurice Thorez reposent sur des objectifs éminemment politiques l’un pour récupérer du terrain perdu, l’autre pour un plus grand rassemblement.
Ce matin, il a été fait état d’une réflexion de Maurice Combe disant qu’il lui arrivait de n’être d’accord avec personne.
Je vais évoquer à mon tour une citation de Maurice dont je garde un souvenir vivace. Nous devisions ensemble dans une manifestation contre la réforme des retraites de Juppé, c’est alors que Maurice m’a dit « avec mes convictions, je me suis consacré au service de l’église puis je me suis aperçu que c’était un parti – toi, tu t’es consacré au parti communiste et tu as découvert que c’était une église ».
Pour conclure je souhaite dire que j’ai toujours apprécié, au même titre que l’apport des prêtres ouvriers, l’activité de Jean Barbier à La Marandinière et à Montreynaud.
Aussi soyons d’accord pour toujours honorer les prêtres ouvriers mais leur expérience date de la 2e partie du XXe siècle.
Mais regardons ensemble, comment prolonger leur expérience au XXIe siècle dans un contexte social très différent, mais tout autant violent.
Paul Chomat

Notes ajoutées par le GREMMOS :
[1] André Caudron et Nathalie Viet-Depaule, « GOUTTEBARGE Joseph, Antoine », Dictionnaire Maitron [en ligne], 2010.
[2] Nathalie Viet-Depaule, « COMBE Maurice, Marcel, Marie », Dictionnaire Maitron [en ligne], 2022.
[3] L’intitulé de la journée était Monde ouvrier et religions. La confusion, accidentelle, n’en est pas moins significative.
[4] L’abbé Robert Ploton (1901-1975), longtemps aumônier de sections JOC à Izieux puis Saint-Étienne, a participé activement à la Résistance, notamment par la distribution clandestine des Cahiers du Témoignage chrétien ou de Combat. Arrêté par la Gestapo en octobre 1943, il est interné à Montluc puis à Compiègne avant sa déportation à Buchenwald, Dora et Ravensbrück. Il revient à Saint-Étienne le 21 mai 1945.