Dans la forge du mouvement social : une histoire des usines de la Chaléassière (1838-1964) (jeudi 16 juin 2022)

Émission mensuelle du GREMMOS, #9, saison 2021-2022.

Radio DIO, 89.5 FM à Saint-Étienne, et sur internet

Le jeudi 16 juin 2022 à 12 heures, rediffusion le soir même à 19 heures et le lendemain à 8 heures

 

Dans la forge du mouvement social : une histoire des usines de la Chaléassière (1838-1964)

Avec Antoine Vernet et Jean-Michel Steiner

 

La dernière émission du Gremmos de la saison 2021-2022 s’intéresse, dans la longue durée, à quelques conflits ayant émaillé l’existence de l’un des plus grands sites industriels de Saint-Étienne. De sa fondation en 1838, par le fondeur Jean-François Revollier, jusqu’en 1964, date d’une importante restructuration impulsée par la direction de la Société des ateliers et forges du Creusot – autrement dit la SFAC –, les usines de la Chaléassière ont incarné à la fois l’un des fleurons régionaux de la construction mécanique et de la machine-outil, mais également un vivier remarquable de militants et de conflits du travail.

Vue des usines Leflaive depuis la colline de Montaud, carte postale, sans date (collection de la Médiathèque municipale de Saint-Étienne)

Cette histoire industrielle, rythmée de périodes d’expansion et de crises aiguës, présente un terrain privilégié pour l’étude des mobilisations ouvrières et de leur évolution. Aux grèves corporatives (par exemple, 1870 ou 1901), succèdent les conflits aux accents révolutionnaires (1917-1918, 1924). Ces deux temps de l’existence des Forges et ateliers de la Chaléassière – société constituée en 1854 – s’inscrivent dans une gestion incarnée, celle de Jean-François Revollier (entre 1838 et 1877), Vincent Biétrix (de 1867 à 1907) puis Joseph Leflaive (1898-1925).

Ces patrons, d’inspiration paternaliste, se révèlent soucieux du bien-être de leur personnel autant que de la sauvegarde de leur autorité. La main-d’œuvre, tout ou partie, rompt parfois ce consensus, notamment lorsque les crispations nées de la guerre ou de la diffusion des idées socialistes, puis communistes, s’en mêlent. Entre ruse et obstination, les gérants résistent tant bien que mal face aux revendications ouvrières, même lorsque ces dernières apparaissent justifiées ou raisonnables.

Devenues une grande entreprise, confrontée à une crise financière insoluble, les Forges et ateliers de la Chaléassière deviennent en 1926 la Société nouvelle des usines de la Chaléassière. Dans cette firme désormais gérée depuis Paris, les managers se suivent, sans redresser la barre. Peu de conflits sont cependant à signaler. L’entrée de l’entreprise dans le groupe Schneider, en 1941, change la donne. Après quelques heurts lors de la Libération, une dernière séquence s’ouvre, au sein de la SFAC, à partir de 1949. La gestion de l’entreprise se révèle – à nouveau – autoritaire, la direction considérant l’usine de Saint-Étienne comme peu rentable.

Une première vague de fermeture d’ateliers survient en 1955. Elle résulte autant d’une décision stratégique que d’une réponse agressive à une nouvelle grève d’ampleur, motivée par la difficile application d’une convention collective jugée trop favorable aux ouvriers. La logique économique s’impose définitivement à l’occasion des licenciements collectifs de 1964, liés à l’évolution du groupe Schneider et de la SFAC, dont les répercussions s’étendent à l’ensemble de la région stéphanoise. La sidération suscitée par cette décision motive alors une mobilisation quasi-générale, des syndicats aux politiques, en faveur de la relance économique d’un bassin industriel apparaissant désormais vieilli.

 

Crédit photographique : Archives municipales de Saint-Étienne, 5 FI 5780, grève aux usines SFAC de Saint-Étienne, cliché de Léon Leponce, 27 avril 1954.

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