De SOCOBER à SEFAMEC : une reconversion industrielle douloureuse (mercredi 10 janvier 2024)

Émission mensuelle du GREMMOS, #4, saison 2023-2024.

Radio DIO, 89.5 FM à Saint-Étienne, et sur internet

Le mercredi 10 janvier 2024 à 17 heures, sans créneaux de rediffusion (mais avec un micro particulièrement récalcitrant…)

 

De SOCOBER à SEFAMEC : une reconversion industrielle douloureuse

Avec Michel Bouteille, Karine Pétel (GREMMOS) et Jean-Michel Steiner (GREMMOS)

 

Pour cette première émission de l’année 2024 (en espérant que ce millésime ne tourne pas à la piquette…), le Gremmos vous propose un entretien avec Michel Bouteille, Karine Pétel et Jean-Michel Steiner consacré à la question de la reconversion industrielle du territoire stéphanois et plus particulièrement celle du bassin des mines de la Chazotte situées sur les communes de La Talaudière et de Saint-Jean-Bonnefonds.

 

Manifestation des travailleurs de SEFAMEC, place Gambetta, La Talaudière, 1979 (c) Archives de la Maison du patrimoine et de la mesure, La Talaudière

Exploitées officiellement à partir de 1825, les mines de la Chazotte connaissent un déclin dès les années 1960. Après une forte augmentation de la production suite la seconde guerre mondiale, le charbon doit faire face à une concurrence de plus en plus appuyée d’autres sources d’énergies. Mais la principale raison du déclin des mines de la Chazotte est le coût d’exploitation qui devient de plus en plus élevé. En effet, des couches supposées riches se sont révélées médiocres. En parallèle de la mine, l’usine d’agglomération (la dernière du bassin) ferme ses portes : les boulets se vendent de plus en plus mal et le charbon maigre commence à manquer ; or ce produit est la base de l’assise commerciale de la Chazotte.

Dès 1966, la fermeture des mines de la Chazotte devient inéluctable. La dernière tonne de charbon est remontée le 13 janvier 1968. Les mineurs sont alors mutés vers d’autres exploitations, suivie en 1970 par la reconversion vers d’autres métiers.

 

15 janvier 1968, au cours d’une conférence de presse, le maire de La Talaudière Jean Plathey reçoit les représentants des Établissements Bernard (de gauche à droite : Georges Schapiro commissaire à la conversion, François Bernard président-directeur général des Ets Bernard, Jean Plathey, René Tacquet directeur général des Houillères des bassins du Centre et du Midi, Jacques Bernard, Jean-Pierre Bernard). Archives de la Maison du patrimoine et de la mesure de la Talaudière

Les Houillères du bassin de la Loire (HBL) organisent la reconversion : les terrains miniers sont transformés en terrains industriels viabilisés pour être vendus à prix réduit pour attirer les entreprises. Les HBL financent la formation des mineurs et garantissent pour un an la rémunération des mineurs reconvertis. Suite à la fermeture des mines de la Chazotte en janvier 1968, les bureaux sont démolis. Sur ce même emplacement est construit une nouvelle usine, « SOCOBER – La Soupape » division automobile des Établissements Bernard, créant 400 emplois dont 250 devaient être réservés aux mineurs acceptant de se reconvertir. Ce sera la principale entreprise de reconversion à La Talaudière.

En juillet 1971, Michel Bouteille intègre l’entreprise SOCOBER où il rallie la section CGT. Il est par la suite élu délégué du personnel au printemps 1972. Témoin et acteur de cette reconversion industrielle, c’est au micro et sur les ondes de Dio qu’il éclairera notre regard sur ce passé resté douloureux pour les ouvriers et anciens mineurs reconvertis.

 

 

 

Annexe :

Entête du bulletin syndical CFDT – Le petit mineur de la Chazotte (archives de la Maison du patrimoine et de la mesure de La Talaudière)

Jean Chapuis, délégué mineur, s’exprime dans sur la fermeture des mines dans le bulletin syndical Le petit mineur de la Chazotte, n°81, de janvier 1968 :

« De l’arrêt de l’exploitation Chazotte, il y a déjà plusieurs années que l’on en parle… Personne n’y croyait. Pourtant il faut bien se rendre à l’évidence … La sentence vient de tomber. Au 13 janvier 1968, l’exploitation sera complètement arrêtée à la Fendue des Bureaux (…). Avec l’arrêt total de notre exploitation, c’est tout un passé qui disparaît. Il faut le dire, nous ressentons tous un malaise, assez pénible, à voir la démolition de tout ce que fût le plâtre de la Chazotte. Tous les bâtiments qui existaient ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Ils laisseront la place à une entreprise lyonnaise (SOCOBER) (…). Pour ma part je souhaite que les négociations (…) réussissent, afin d’avoir sur place des emplois durables et acceptables, avec des salaires, qui, je le souhaite de  tout cœur ne nous ferons pas regretter notre dur métier de mineur. »

 

Références et compléments :

Archives sonores diffusées lors de l’émission : RT_6786_Sefamec / Cinémathèque de Saint-Étienne

Sur les acteurs, outre les notices Maitron de Jean Plathey (par Jean-Michel Steiner) et de Jean Chapuis (idem), nous vous renvoyons vers le témoignage autobiographique de Michel Bouteille, réalisé dans le cadre des 5èmes Rencontres d’histoire ouvrière de Saint-Étienne, intitulées Monde ouvrier et religions au XXe siècle (Saint-Étienne, vendredi 19 janvier 2018).

Pour le contexte, vous pouvez lire l’ouvrage du journaliste Jean Tibi, La mine foudroyée. Les houillères de la Loire 1960-1980, chronique de la conversion, Saint-Étienne, Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur les structures régionales, 1980, ainsi que l’article d’Alban Graziotin, « Les militant·e·s de l’Action catholique ouvrière et les conflits du travail en région stéphanoise : quelles implications ? (années 1970-1980) », dans GREMMOS (éd.), Monde ouvrier et religions. Actes des 5es Rencontres d’histoire ouvrière de Saint-Étienne, 19 janvier 2018, Saint-Étienne, GREMMOS, 2022 [en ligne].

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